Je suis Samia, traductrice installée à Cordoue depuis 2006. Je suis arrivée en Espagne pour un programme Erasmus de six mois. La destination attribuée par mon Université était Cordoue à ma très grande satisfaction. J’aimerais donc écrire un article sur le thème en intitulé et ajouter quelques bribes de mon expérience.
L’Espagne est idéale pour les français qui recherchent une destination de soleil, fête, diversité géographique, gastronomie etc.
Peu importe la région choisie ; la richesse du patrimoine, les espaces naturels, les langues parlées, vous en mettront plein la vue et vous marqueront pour longtemps.
Qu’en est-il de la vie proprement dite en Espagne ? Est-elle tout aussi fascinante ? Est-elle plus facile ?
Nombreux sont les étrangers qui ont établi leur résidence en Espagne, par choix ou menés par le destin. Beaucoup viennent étudier ou chercher un travail et restent par amour.
J’ai connu pour ma part l’Espagne grâce au programme Erasmus avec beaucoup de difficultés au départ que j’ai pu surmonter par la suite. La première était la langue : ma destination étant le sud de l’Espagne, je me suis aperçue que je ne comprenais presque rien de ce qu’on me disait alors que j’avais toujours eu d’excellents résultats en France. Les andalous omettent de prononcer la lettre « s » les mots qui devraient terminer en « ado » ou « ido » deviennent « ao » et « io ». Je me souviens qu’on me disait « Porfa » o « Porfi » très souvent pour me rendre compte plus tard que cela voulait dire « por favor ». Je me demandais :
Pourquoi me répond-on « gracia » au lieu de « gracias » ? Mes professeurs ne sont-ils pas vexés quand les étudiants les tutoient ?
Les gens sourient quand je leur dit « Usted … » (le vouvoiement espagnol).
Pendant un moment je pensais que je m’étais confondue de pays et que tous mes professeurs m’avaient menti ou trompé. En France, j’avais l’idée d’une Espagne unifiée, avec du soleil partout, mais il y a plusieurs Espagnes en Espagne et la diversité entre régions, entre villes, est impressionnante.
On me dit que la lettre « s » est cependant bien prononcée à Madrid. Donc finalement, vivre en Andalousie est comme vivre un apprentissage en accéléré.
J’avais en plus l’impression que tout le monde portait au moins deux prénoms différents, mais il s’agit de diminutifs qui, par ailleurs, souvent n’ont rien à voir avec le prénom original. Du coup, les « Francisco » s’appellent aussi « Paco », les « José » s’appellent « Pepe », « María Isabel » se transformait en « Maribel ». Récemment, j’ai encore découvert que « Concha » ou « Conchi » correspondrait à « Concepción ». Les années passent et on en apprend toujours.
Au fil des années, j’ai développé un accent andalou espagnol français inimitable et déconcertant. Ce qui me paraissait surprenant est maintenant banal et habituel pour moi.
À ce jour, je tutoie même les personnes de 80 ans.
A part la langue, un français peut être agacé par certaines anecdotes comme à la boulangerie ou au supermarché, les personnes devant n’hésitent pas à ‘raconter leur vie’ au vendeur, caissier qui suit bien volontiers la conversation et retarde l’attente. Pareil au cinéma ou au fast-food ou l’attente est plus longue ici même avec beaucoup moins de monde.
Et la climatisation, quelle horreur, en été, passer du désert à la Sibérie est très facile : il suffit d’entrer dans une boutique ou un supermarché. Pas de températures intermédiaires, noir ou blanc, brûlé ou congelé.
Pour en revenir à mes questions de départ, la vie est fascinante en Espagne car il y a toujours quelque chose à visiter, les transports et logements sont très accessibles et variés, les occasions de célébrations sont inépuisables et les espagnols sont accueillants.
Est-elle plus facile ? Cela dépendra de la chance de chacun, car les conditions de travail en Espagne peuvent être assez dures et s’adapter à la manière de raisonner des entreprises espagnoles ne sera pas tâche aisée. Pour un français, le conformisme espagnol peut exaspérer.
Il y aura plus de facilités dans certaines régions où le taux de chômage est plus bas. Mais le destin vous amène parfois là où on ne s’y attend pas.
Pour conclure, l’apprentissage d’autres langues est fortement recommandé et la meilleure façon de progresser est de voyager dans un pays ou la langue est parlée. L’immersion totale reste la méthode par excellence. Car il ne s’agit pas seulement d’acquérir du vocabulaire ou d’enrichir sa grammaire, mais aussi de plonger dans une culture au sens large, et de découvrir d’autres manières de penser, de résoudre, de dialoguer.
Donc pourquoi ne pas tenter sa chance ? La terre est vaste et il sera toujours possible de rentrer si on n’est pas convaincu.
¡Hasta luego y buena suerte!